PHÉNOMÈNES DE SOCIÉTÉ 
Depuis quelques mois, vous avez pu constater une recrudescence de la symbolique III Reich. Dans un monde en pleine crise où les symboles anciens font fureur, les valeurs passées deviennent un refuge, qu’est devenu le trendy-hip qui cherche surtout à s’éclater ? S’est-il fait kidnapper par un parti d’extrême droite ? Décryptage.
Depuis quelques mois, vous avez pu constater une recrudescence de la symbolique III Reich. Dans un monde en pleine crise où les symboles anciens font fureur, les valeurs passées deviennent un refuge, qu’est devenu le trendy-hip qui cherche surtout à s’éclater ? S’est-il fait kidnapper par un parti d’extrême droite ? Décryptage.
LES PRÉMICES.
Tout à commencé de manière insidieuse, un peu sans prévenir, comme un pote bourré qui te raquette tes clopes en te disant que tu es cool : on est allés chez le coiffeur demander « une coupe au bol 40’s » parce que c’était the coupe to have. Quand un clodo nous traitait de nazi on rigolait lourdement. Alors qu’on savait tous qu’on avait là une coupe qui nous permettrait un laissez-passer dans un camp de jeunesse hitlérienne. 
Au début, on y allait mollo. Ce n’était que des détails et personne ne remarquait rien. On a resserré le col de nos chemises jusqu’au dernier bouton et on a remonté nos jeans à la manière des skinheads neonazis des 80’s. Le dernier chic était devenu le gros godillot militarisant. Chez les filles, une certaine imagerie allemande a commencé à pointer le bout de son nez. Au choix : la sadochiste tirée à quatre épingles pote avec Hitler comme Ilsa (film gore de 1975), ou la gravure pinup aryenne. Quand ça a commencé à être total look, on a senti comme une gène. On ne savait plus trop si elle venait des autres, ou bien de nous même. 
Certain ont suivi sans trop se poser de question. Le phénomène est allé en grandissant et s’est même répandu dans la sphère tellement controversée de la haute couture jusqu’à baver sur tous les univers artistiques : musique, art, cinéma... Des groupes comme The Drums surfent sur cette imagerie globalement implicite, avec un chanteur blondinet en minishort et boots de surplus militaires. Mais ce sont loin d’être les seuls. 
Depuis le scandale Galliano, on a comme éclaté un bouton blanc au visage du monde. Il était disgracieux mais on le cachait sous un plâtre de fond-de-teint. Maintenant que l’abcès est percé, du pus s’est infiltré partout, et le bouton lui, reste rouge et bien voyant : des jeunes s’affichent avec des  svastikas peintes sur leurs t-shirt lors des soirées, d’autres posent en photo en faisant le salut nazi. De plus en plus de personnes associent hipsters à nazis. La nouvelle application iPhone au top des ventes est celle où l’on peut savoir qui est juif de qui ne l’est pas : Jew or not Jew (que vous pouvez acheter  ICI.  Appli faite par un juif, mais quand même, les listes de juifs, moi ça me titille un brin la mémoire collective (a d’ailleurs été dénoncée par notre SOS Racisme français).
Des sites comme HIPSTERHITLER  proposent d’en rire, en créant comics et divers objet merchandising  basés sur un Hitler qui aurait été un hipster. Il vivrait de nos jours, aurait un fixie bike, et serait en fait un gros geek. Forcément, on en rigole. 
 Oui, c’est cynique, oui, c’est second degré, oui le nouveau tatouage à la mode sera un rectangle sur le doigt pour faire « moustache ! » en soirée pour faire rigoler les copains. Le problème, c’est qu’à force de nous submerger d’images nazies, cela devient tendance. Un tyran devient fashion et on perd un peu notre bon sens. Tellement qu’on ne sait plus très bien lesquels s’en moquent desquels nous piratent la cervelle. Et comme un énième rengaine, l’hitlérisation des hipsters devient sujet soit de rigolade second degré un peu lourdingue, soit, de réel débat idéologique sous-jacent.
LE DEBAT.
La  plupart de ces Heil Hipster comme on aime les appeler, n’a pourtant  rien à voir avec une quelconque idéologie fasciste. En fait, les  pauvres, ils n’ont fait que suivre le courant d’une société qui se  radicalise. 
En  temps de crise, on a tendance à ne penser qu’à sa gueule. C’est  l’opulence des richesses qui rend la société altruiste. Quand on est en  train de tout perdre, on regarde de travers son pote pique-assiette. Le  slow-krach boursier de 2009 a rendu plus riche, les riches et plus  pauvres, les pauvres. Forcément, il ne reste plus grand monde in the  middle. La population souvent aisée et artistique qui sprinte derrière  la dernière tendance a donc plus de sous dans son portefeuille qu’avant.  Et elle aime de moins en moins son copain un peu bouseux qui lui pompe  son fric pour se faire payer des bières. Quitte à rester ensemble, on  préfère se ressembler. C’est le principe des clans. Et l’élitisme  parisien ne fait pas règle à part.
Les  rangs se resserrent et il va falloir commencer à choisir son camp. Le  snobisme veut qu’avec l’âge les gens issus des mêmes niveaux  socioculturels se retrouvent au détriment de leurs potos d’enfance. Ce  snobisme là, est en train de devenir une vérité. Alors du coup, les plus  radicaux, font un peu pression. Et si le plus radical a le plus de  sous, vous aurez tendance à être d’accord avec lui. Le corollaire est  aussi vrai si vous vous rapprochez des pauvres : votre copain coco  fasciste squatteur qui veut foutre une bombe à la bastille a plus de  chances d’être entendu maintenant qu’il y a 10 ans. Et vous appréciez  moyen votre ex-best-friend du lycée qui traine au baron. En fait, vous  avez surtout envie de foutre des bombes sur tous ceux qui ne vous  ressemblent pas. Une manière de vous défendre contre la radicalisation.  Problème : c’est de la radicalisation.
Ainsi  la montée du nazisme (et non pas neonazisme) est davantage perceptible  dans son imagerie que dans son sens profond. Il y a plus un recours aux  symboles du troisième Reich que ralliement à la cause fasciste. Une  façon sans doute de dire fuck. Ou bien « je n’ai pas d’autre idée ».  Quand les jeunes à la mode s’habillent façon jeunesse hitlérienne, ils  se servent plus de leur look pour faire passer un message au second  degré. Le message devient subliminal et il faut savoir lire entre les  lignes. La plupart n’en a absolument rien à carrer des juifs et des  arabes, ils cherchent surtout à se démarquer comme nouvelle élite  intellectuelle. Une élite, un snobisme. Une façon de dire « I’m on top  et pas toi qui pige quedal ».
Mais  si, pour certain il s’agit plus de faire-valoir, pour d’autres c’est  enfin le prétexte tant attendu pour se faire entendre au grand jour.  Comble du hit, ils peuvent enfin se revendiquer nazis sans que l’on  sache trop si c’est vrai. Et donc, pas trop se faire caillasser.
Loin  de moi l’idée d’associer hipster à hitler, il faut cependant se méfier  de l’eau qui dort. Le nouveau fasciste n’a pas le crane rasé et ne vote  même pas LePen. Il est souvent plutôt marrant et intelligent et il est  capable de vous faire gober son idéologie à grands coups de sarcasmes.  Comme ça, l’air de rien, vous allez en rire, et demain, la gueule dans  le cul, vous allez y repenser sérieusement. Souvent fort d’une théorie  et d’une rhétorique à toute épreuve, votre pote facho vous retourne le  cerveau en vous épargnant quelques vérités crues. Il cherche avant tout à  vous séduire et non pas à vous provoquer. Le but étant, de toute  évidence, de vous rallier à sa cause.
Vous  habiller IIIeme Reich en parlant de l’holocauste ne fait pas  nécessairement de vous un nazi. Mais quand le sujet devient récurrent   et qu’au fond, « Hitler il voulait avant tout sortir l’Allemagne de la  crise », vous devriez vous reposer la question.
 


Très bon article : BRAVO
RépondreSupprimerJ'abonde dans ton sens et suis aussi perplèxe que toi sur le retour du new-age, car comme tu le souligne "l'Histoire a le hoquet".
Pour renforcer tes propos, voici la transcription de l'intro du film "Monté Verita, la montagne de la Vérité" de Henry Colomer (1996) : "à la fin du siècle dernier, en Allemagne naît un mouvement voulant réagir contre la dégénérescence de la société, le "Mouvement de réforme de la Vie" ; il est tourné vers le passé, la nature, le culte de la beauté, de la liberté, s'inspirant de vieux mythes germaniques. En 1900, ses adeptes s'installent sur les bords du Lac Majeur au "Monte Verita", colline inspirée, vivant là en communauté. De nombreux artistes libertaires, des anarchistes y adhèrent. Bientôt le mouvement se scinde en deux tendances qui, après la première guerre mondiale veut se radicaliser : l'une évolue vers une doctrine de la purification et de la race, débouchant sur le nazisme. L'autre devient révolutionnaire et pacifiste. Collectivisme, ambiguïté, ton prophétique sont leur dénominateur commun..."
Nous sommes de nouveau dans des temps de crises, et si les solutions proposées sont encore et toujours les mêmes : nous allons tout droit vers les mêmes erreurs.
YPPLeNag
Putain ton article vient trop de me deprimer/de me faire flipper! Le coup du tatouage moustache, au risque de passer pour une ignorante, je n'en avais jamais entendu parler et ca m'a file des sueurs froides dans le dos. Limite ca me rend heureuse d'habiter dans le fin fond de la campagne anglaise. (Ca me fait penser au fait que Prince Harry ait defraye la presse anglaise avec son costume nazi en soiree, apparemment il partage le meme humour que tes heil hipsters)
RépondreSupprimerMerci pour cet article apocalyptique!
Elo