On nous a fait bouffer du « génération Y », « jeunes
hyper-connectés », « influencers des médias sociaux », « twitter
gourou » et autres noms sensés désigner ces jeunes oiseaux bleus
multi-followés depuis quelques mois. Les médias de tous bords s’en sont servis
pour rameuter du buzz autour de leur ligne éditoriale et quelques Tumblr ont
été créés dans le but de s’en moquer. Au final, on s’explique moyen le schmilblick
et tout se qu’on en retient c’est qu’il faut s’entrainer au Personal Branling
si on veut être invité aux soirées, voire, même décrocher un job.
"Problème : vous n’êtes plus Dieu"
Si vous avez plus de 26 ans, c’est peut être un tantinet compliqué pour
vous de comprendre cette immense machine à popularité et score Klout. Pourtant,
la star des salons CaraMail #Skate ou #Rock ou #Punk ou encore #Metal, c’était
vous. Vous preniez un pied fou à /kick @ducon parce que si @ducon avait un « @ »
devant son nickname, c’est que c’était un admin, mais que vous, vous étiez un
peu Dieu. Maintenant, tout le monde en a un devant son pseudo et ça vous fait
bien rigoler, surtout que depuis peu, même votre concierge a ouvert un compte
Twitter. Problème : vous n’êtes plus Dieu. Pourtant, vous avez tout essayé, y compris
l’égo-branlette insidieuse sur Facebook, mais rendez-vous à l’évidence, ça n’a
pas fonctionné. Du coup, vous vous rabattez dans un cercle fermé de « vrais
gens », loin des paillettes et des plateaux Canal+, qui se rencontrent
entre deux accouchements et deux vomitos de bébé malade, à se la branler sec
version « authenticité, maturité, rock élitiste », à prendre de la C
entre initiés, et à surtout ne jamais rigoler en public. Bref, ça s’emmerde
ferme.
"Andy Warhol avait raison quand il disait que « dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes
de célébrité mondiale»"
Si vous avez moins de 25 ans, je vous maudis un peu parce que pour vous,
tout est plus facile. Vous avez 1 milliard de followers et vous avez piné des intérêts
avant tout le monde. Il est même probable que vous ayez inventé le concept Google+.
Pourtant, vous n’avez rien fait de votre cerveau à part inventer des haschtags
merdiques, vous n’avez fait que transmettre votre #passionpoulet. Vous n’avez
jamais connu mIRC, le tout premier site d’échange social, accessible sous
Linux. Il fallait s’y connaitre un minimum en codage html pour rajouter des
images, des couleurs ou du contenu graphique à vos tweets messages. Vous
n’avez jamais trimé à AudioGrabber des musiques pour les convertir en MP3, ce
qui prenait grosso-modo 45 mille ans, pour ensuite les graver avec Nero sur des
disques vierges qui merdaient la plupart du temps. Votre dealer ne vendait pas
de C, mais des piles gigantesques de films pirates gravés « home made »
qu’on choisissait sur une liste format A4 distribuée dans toutes les récrés. Vous
vous sentez obligés de créer un blog, un concept, une association, parce que
vous croyez profondément que Andy Warhol avait raison quand il disait en 1968
que « dans le futur, chacun aura droit à 15 minutes
de célébrité mondiale». Selon toute vraisemblance, vous êtes la génération Pop Art, vous êtes l’aboutissement
de la surconsommation artistique et créative, et, vous en êtes tellement
convaincu, que pour vous le #TopTweet est l’aboutissement de votre vie.
Quel
Personal Branleur êtes-vous ? Car il ne faut pas se leurrer davantage, ce n’est ni une mode, ni un
phénomène de société, c’est une stratégie que vous êtes o-b-l-i-g-é d’adopter
si vous voulez, eh oui, qu’on vous prenne au sérieux. Le monde vénère ChristopheRocancourt, le monde veut devenir Christophe Rocancourt, le monde compte cinq formes de Christophe Rocancourt.
LE PERVERS
NARCISSIQUE
Vous l’avez appris en cours de psycho à la fac, le
pervers narcissique est un malade mental sévèrement atteint puisqu’incapable de
ressentir des sentiments. Il s’aime lui et rien d’autre. Il s’aime tellement qu’il
se déteste au plus haut point. Je sais, c’est complexe. Pour arriver au top de
l’affiche, le pervers narcissique n’hésitera pas à passer sur le corps que
quelques uns de ses amis, de les courtiser pour ensuite les descendre et
prendre leur place. Ainsi, subtilement et sans jamais se faire repérer à part
par ses proies qui seront discréditées, il s’approprie les qualités et talents
de autres en échange de ses pires vices et défauts. Vous savez que vous en avez
croisé un quand du jour au lendemain il devient votre meilleur ami et vous avez
l’impression que vous n’auriez pas pu vivre sans lui. En tant que faire-valoir,
pour l’instant vous ne risquez rien. Attention au moment où il décidera que
vous l’écrasez trop il fera volte face sans que vous n’ayez le temps de
comprendre et se retrouvera à la #VillaSchweppes à votre place à baiser votre
gal, en tweetant le tout très sérieusement sur un compte accrédité de votre
site web et de vos compétences. C’est déjà trop tard. Demain, on dira de vous
que vous que vous étiez son stagiaire. C’est le Dieu du Branling.
Inclinez-vous.
Exemples :
LE TWITTER ADDICT
Le Twitter Addict est un nazi qui est persuadé que sa
survie dépend du nombre de RT et d’une balance positive entre Followers et
Following. Vivant dans l’instant présent et excessivement nerveux à l’idée de
trépasser, le twitter addict tweete de façon compulsive des #lol des
#humourenligne en cherchant l’approbation de ses tiers, c'est-à-dire, en
comptant le nombre de retweets. Il tient très certainement un calepin qu’il
refresh toutes les minutes, dans lequel serait consigné les RT, les Mentions,
les nouveaux followers… A chaque fin de semaine, il tweete son score, et
potentialise sa domination au Twitter jeu. Afin de gagner de plus en plus de
fidèles, le Twitter addict énumère les blagues plus drôles, afin de les
ressortir à toutes les sauces. Il compte sur les doigts de sa main ses Top
Tweets les plus mérités et les encadre fièrement, à coté de son Diplôme « capacité
à parcourir 50m à la brasse ». En quête du Top Trend, il va aussi dicter
les règles du jeu, imposer les hashtags tendance, et dénigrer de #old toute
reprise par la masse de ses codes humoristiques, passé un délais de 3 semaines.
Le Twitter Addict est tellement connu sur twitter qu’il ne conçoit pas une
minute que son travail ne soit rémunéré. Persuadé que sa présence est un atout
pour n’importe quel business, il est potentiellement candidat à n’importe quel
job dans le secteur des médias. Il se pourrait bien, qu’il soit d’ailleurs
repéré par des plateaux / micros en déclin afin de booster leur audimat avec
une valeur sûre reconnue des Internets. Le Twitter addict est le premier
personal branleur à être la preuve vivante qu’un grand nombre de followers est
plus important sur le CV qu’un Bachelor merdique de n’importe quel Pays du
Monde.
Exemples :
LE WANNABE BLOGUEUR (OU LE "JOURNALISTE" FREELANCE)
Dans le milieu des médias, mieux vaut être bien entouré. Le
wannabe l’a bien compris, surtout que lui, il est né à
Brouillotte-Puy-Sur-Yvette dans le Loir Et Cher et n’a jamais connu que des
bouseux. Alors, au lycée c’était un peu la star, le créatif, le mec hyper
sociable. C’était le plus populaire des enfants d’agriculteurs et d’ouvriers. C’est
d’ailleurs le seul qui a fait des études, puisque les autres ont tous fait un
CAP menuiserie (la seule option du collège). Quand il a débarqué sur Paris pour
enfin concrétiser son rêve et bosser dans la pub, le wannabe est tombé de haut
voyant que les postes qu’il convoitait n’étaient jamais postés sur www.monster.com
mais refilés par copinage et autres magouilles pistonnées. Ne se laissant pas
abattre et empreint d’une volonté de fer, le wannabe décidera que pour réussir
il devrait faire croire que lui aussi, il en connait du monde. S’auto-créditant
de rencontres en tout genre, il s’incruste partout, se faisant passer à tour de
rôle par un journaliste, un designer, un attaché de presse ou un community
manager. Le truc, c’est que le wannabe n’a jamais décroché le moindre job et se
contente d’écrire pour le blog des Inrock en attendant d’être repéré. Il est le
pro du Name Doping et la star de ses parents. Espérant maladivement qu’il sera
là au bon moment au bon endroit, le wannabe courtise les sphères
professionnelles qu’il voudrait intégrer. N’ayant aucun aura social cependant,
il lui faudra effectivement posséder une qualité unique pour que son manège
fonctionne. Sinon, ce sera juste le lourdingue un peu collant des soirées
privées de la capitale.
Exemples :
LE STAGIAIRE A CANAL
A la différence du wannabe, le stagiaire est déjà bien
inséré dans les milieux des médias mais n’est pas totalement satisfait de sa
réussite professionnelle, car il ambitionne une rémunération à 4 chiffres. Confondant
volontairement les mots employé et stagiaire, il sèmera le doute dans son
entourage qui finira par admettre qu’il « travaille à canal ». Se
faisant passer pour la nouvelle recrue de boites influentes, il parcours les
soirées privées à la recherche de quelques traces de C à échanger avec un PDG.
Le stagiaire n’hésite pas à chanter les gloires de son travail sur les réseaux
sociaux espérant attirer l’œil les recruteurs. Pour se la mettre bien avec les
DRH des entreprises du CAC 40, le stagiaire passe son temps faire des check-in
sur Foursquare dans les multinationales, les plateaux télé, ou les radios. Il
ne laisse pas le temps au public potentiel de réaliser l’arnaque en traitant
parfois ses collègues de stagiaires. De la sorte, le stagiaire n’en est plus
un, il bosse vraiment. A la fin du contrat et afin de ne pas être grillé, il
admet son statut de miséreux, mais en n’omettant jamais de souligner largement
qu’il fut exceptionnel.
Exemples :
LE TROLL
Conscient du potentiel de tout Personal Branleur, le
Troll est l’ultime stade de la branlette égocentrique. Sa force vient du fait
qu’au lieu de jouer le jeu, il décide d’en tenir les ficelles et les détourner à
son avantage. Sur jouant l’ambitieux, le péteux ou tout simplement le mec à la
grosse tête, le troll soulève les foules qui s’indignent et crient au scandale.
Doublement gagnant, il réussit à se positionner savamment dans la case des mecs
capables de troisième degré tout en éjaculant à la face du monde pourquoi selon
lui, il est exceptionnel. Refusant de chercher à séduire, il pose ses fesses
sur ses lauriers et jubile sur ce qu’il a abouti. De fait, le troll n’a plus
rien à prouver à personne, il peut donc se la jouer gros lard, qui claque des
tunes et connait le gratin hollywoodien, sa prétention à se croire au dessus de
tout subjugue et force le respect des plus hautes sphères de la société. Il s’assure
certainement une retraire des plus dorées. Attention toutefois, à ne pas
troller avant de devenir quelqu’un. (cf LE
WANABEE)
Exemples :
16 commentaires:
Le pervers narcissique, je l'ai rencontré et c'est effrayant à quelle point tu as bien décrit la situation sauf que j'ai fait volte-face avant lui :-)) chouette article
Très juste !
Haha très bon article.
Très bon j'ai bien ri.
Très bon article j'ai bien ri (le captcha de Blogger me met la misère depuis tout à l'heure par contre)
Bravo, rien à ajouter c'est parfait ! O_o Mais je me devais de te le dire.
Victoire
Bravo, très bon travail !
Excellent ! Si vous avez plus de 25 ans "vous n'êtes plus Dieu" ^^ Merci pour ce bon moment de lecture :)
A noter que le wannabee peut etre déjà bien inséré dans les milieux des médias..
Mais urtout, c'est génial de taper sur le personal branling quand sur son profil on se la pete avec des "Fils de" : https://www.facebook.com/lavievalerie/posts/300309056721319
A bon entendeur.
super article, mais ces gens m'effraient un peu quand même
Haha je suis un twitter addict "potentiellement candidat à n’importe quel job dans le secteur des médias", bon l'article est pas mal mais l'exemple... :)
Du haut de mes pauvres 4 tweets par jour, je ne pense pas etre twitter addict, de meme pas besoin de twitter pour avoir un reseau pro deja bien etoffe et devenir bachelor ne m'interesse surtout pas, de meme que 15 mn de celebrite, je prefere la qualité à la quantité...
Bref tu auras pu te rendre compte que je n'illustre pas très bien le propos ;-)
Bonne route à toi tout de même mais attention à bien choisir les exemples, selon Joubert la parole entraîne l'exemple enseigne...
@JulienHorn
Pas d'accord pour le troll.
Par exemple pour le cas de Navo, c'est clairement un frustré qui a passé des années à chercher la gloire et qui se masturbe sur sa pseudo-popularité maintenant.
Il y a aussi le Branleur Itératif, qui pointe du doigt les autres Personal Branleurs pour établir sa propre position... Mine de rien... ;)
(plus ou moins ce que je suis en train de faire aussi d'ailleurs... ^^ )
Juste au-dessus, y a un troll anonyme qui n'est pas d'accord avec la définition de troll.
Précision technique importante:
"mIRC" n'est pas du tout un "site d'échange social", mais seulement un "logiciel client" pour le protocole "IRC" (Internet Relay Chat), permettant donc de se connecter à différents réseaux IRC, pour discuter.
Le protocole IRC a été conçu à la fin des années 80 par un Finlandais, Jarkko Oikarinen, et a pris son essor dans les années 90:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Internet_Relay_Chat
Il y a multitude de logiciels clients IRC, sous différents systèmes d'exploitation, "mIRC" n'en étant qu'un parmi des dizaines, développé pour windows, et apparu assez tardivement, en 1995.
Les premiers clients IRC étaient en ligne de commande, et les tchatteurs les plus "roots" utilisent ircII, client en ligne de commandes sous Unix...
Lorsque l'on se connecte à un réseau IRC donné, on a accès à tous les canaux et tchatteurs en ligne sur ce réseau, quels que soient les
clients IRC utilisés par les uns et les autres pour s'y connecter.
Quelques clients IRC répandus: ircII, mIRC, XChat, BitchX...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_de_clients_IRC
Voilà, en espérant avoir été clair.
Signé: un vieux geek à barbe grise.
Voila un article sympa, frais et agréable à lire ! Ne manque que la référence au site qui recense les plus beaux exemples de personal branleurs, et dont les illustrations de l'article sont largement tirées :
http://personalbranling.tumblr.com/
De rien, ça fait plaisir !
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